Briser la glace [Zelda]

LLe temps lui paraissait interminablement long. Sûrement pour première raison qu'il n'y avait comme d'habitude rien là à alimenter comme sujet de discussion - tout comme il ne se voyait se le permettre -. En ce qui n'aurait pu paraître qu'être qu'un voyage ordinaire; Link le savait bien, « ordinaire », était la plus impropre des manières de qualifier l'expédition qu'ils menaient. Lui-même éprouvait la certaine tension qui pesait sur leurs épaules, n'imaginant qu'encore moins le poids décuplé sur celles de la Princesse. Cette expédition aurait peut-être un résultat capital concernant l'avenir du Royaume, chose qu'il avait depuis le départ pris en tête. Au-delà de l'importance de leur affaire, le chevalier ne pouvait également que contempler le calme admirable qu'elle affichait assidûment. Au moins, cela avait eu rapidement l'effet d'aiguillonner davantage ses sens sur leur trajet. Alertes jusqu'à un certain degré, il délivrait par quelques intervalles de temps régulier deux ou trois œillades autour d'eux.

Aucun son n'avait franchi ses lèvres, ne laissant qu'ouïr durant leur passage l'écho d'une vaste nature qu'aurait établi l'une des trois déesses d'or. Les paysages avaient depuis quelques heures déjà bien défilés. Les longues plaines d'Hyrule furent déjà bien derrière eux à cet instant. Ces vastes étendues de verdure avaient désormais laissés place à des couleurs plus lactés, nouvelle différence étant, que le froid s'attaquait désormais pleinement à eux.

Le regard givre du chevalier ne pouvait s'empêcher de délivrer une certaine contemplation envers les grandioses chaînes de Lanelle. Les mots de Rudolf ne lui avaient comme toujours jamais menti sur le portrait d'innombrables lieux d'Hyrule, celui-ci n'échappant tout bonnement pas à la règle. Il retrouvait pleinement là leur grandeur, tout comme l'épanouissement qu'elles semblaient apporter. La neige poudreuse s'était répandu jusqu'à chacun des arbres des bois qui les entouraient. La météo semblait encore assez clémente pour leur éviter de pires conditions, bien qu'ils ne pouvaient aussi esquiver les fortes chutes de température. Cela même, ayant été entièrement planifié pour leur voyage, raison pour laquelle, il s'était revêtu d'un court manteau de fourrure à ses épaules, pareillement ensuite enveloppé dans sa longue cape.

Le gel s'était déjà attaqué à ses doigts qu'ils renfermaient dans ses poings, saisissant les rênes qui lui faisaient orienter Epona. Se tenant toujours à une marche plus ou moins égale à celle de son altesse, il ignorait également le froid qui commençait à enflammer ses joues et oreilles. Tenant simplement une respiration ferme – elle-même désormais visible par le froid -, il s'était contenté de revenir s'intéresser à son principal rôle, parcourant brièvement du regard les alentours tout comme s'assurant que la Princesse d'Hyrule ne peinait pas trop, face aux températures de plus en plus rudes. Il n'allait pas falloir perdre si proche leur but premier.

C'est ainsi donc qu'ils eurent débuté l’ascension de la Montagne de Lanelle, là où ils prenaient enfin route finale vers la Source de la Sagesse.

Codage par Libella sur Graphiorum

Le reste de la route fut cette fois-ci menée par Zelda. Sans doute était-elle déjà venue ici, ce qui était en toute logique facile à imaginer. Link se contenta ainsi donc de suivre au pas celle-ci, jusqu'au moment où ils firent enfin arrivée à la Source de la Sagesse. La délectation se lisait dans son regard. C'était bien la première fois qu'il touchait de ses yeux ce lieux saint, parfaitement paisible. Il descendit donc de sa propre monture au suivi de la Princesse, laissant donc ceux-ci sur un coin de la Source.

C’est la voix de la souveraine qui attira dès lors toute l’attention du Chevalier. Il fut mis en garde de venir déranger celle-ci, notamment de la difficulté de la tâche prêtée au lieu. Link jeta un certain regard inquiet en direction du bassin d’eau demi-argentée. Il était très réticent à laisser celle-ci s’immerger dans cette eau glacée, mais l’envie de contester n’égalait certainement pas ses droits. Il n’avait donc que la stature droite et déterminée qu’elle affichait pour s’en alléger l’esprit. Ses lèvres restèrent ainsi toujours scellé lorsqu’il l’observait - non sans  une certaine stupéfaction - finalement introduire ses jambes dans le liquide à la vue très peu réchauffante. Cela le rappela alors à sa tâche, l’encourageant d’autant plus à s’appliquer à celle-ci.

Le Chevalier s’était donc posté près des quelques dalles d’escalier, faisant dos à la Souveraine qui partait à la position de son rituel. La brise glaciale apportait incessamment ses caresses mortelles à son visage, mais ce n’était à cette idée qu’un insignifiant problème face à ce que devait endurer la princesse derrière-lui. Les minutes passèrent, là où il s’était donc lui-même statufié, là à observer l’entrée de la Source comme un peu plus des alentours, une main à la fois prête et reposée sur la garde de son épée, dissimulée dans le fourreau qui était attaché à sa taille. Le son des prières émises par Zelda atteignirent par bribes les oreilles de l’Hylien, le vent brouillant encore plus les quelques mots qu’il percevait de temps à autre.

Soudain, c’était un mystérieux silence qui était venu s’emparer des lieux. Les mots de prière n'étaient plus du tout capté l'ouïe du Prodige Hylien. Ce qu’il laissa d’abord de côté sur l’idée que la princesse eut juste baisser d’un ton rendu ainsi donc plus brutale l’élévation de la voix qu’elle avait délivrée. Link s’était alors tourné brusquement vers celle-ci, pour voir comme ouir avec horreur le désarroi qu’il voyait s’emparer de la Princesse. Ses lèvres s’étaient entrouvertes sans qu’il n’osait encore avoir l’audace d’apporter question à Zelda, se contentant donc d’entendre les paroles empreintes d’une profonde tristesse de celle-ci. C’était un spectacle pour les moins inattendu qui avait ainsi frappait le jeune homme non préparé. Celle qu’il voyait - comme il y a quelques instants - comme une haute stature de ce Royaume apparaissait désormais face à lui désemparée.

Son regard suivit avec propre désarroi la Souveraine qui faisait maintenant direction à lui. C’est plus d’étonnement qui le gagna lorsqu’il vue son visage auparavant droit, perdre peu à peu en altitude sur de graves mots d’excuse. Celle-ci avait finalement comme perdu équilibre jusqu’à atterrir dans la basse-eau gelée. « V-Votre altesse !... » délivra enfin-t-il, de même que des chaînes qui le retenaient précédemment avant de se précipiter en direction de celle-ci. Il avait à son tour pénétré le bassin, éclaboussant au passage sa cape comme le bas de sa tunique. Link arrivait dès lors proche du corps étendu de sa Souveraine. Il s’abaissa aussitôt à sa rencontre « Princesse... » murmura-t-il, voix comme regard épris d’une intense inquiétude, elle-même redoublée à l’entente des mots d’excuse proférait par celle-ci. Le Sans-Lignage s’était ainsi mit à agir des plus rapidement, venant à l’aide de ses bras soulever jambes et dos de la Princesse, se relevant alors peu à peu pour se diriger directement hors du bassin.

Ignorant d’une morsure à la lèvres inférieure le froid redoublée qui l’avait gagné, il avait finalement retrouvé pieds sur terre, là où il pressa d’un pas rapide en direction de l’endroit où était posté leurs propre montures. C’est arrivé près d’elle que le Chevalier installa d’abord promptement par-terre la Princesse, lui faisant dossier avec l’une de ses jambes à moitié replié, ainsi qu’une main qui maintenait une de ses épaules. Son autre main était alors venu, par-dessous sa cape, saisissant un léger flacon au liquide de couleur particulière. Il amena hâtivement celui-ci à sa propre bouche, décapsulant celui-ci avec ses dents, avant de tendre finalement celui-ci aux lèvres de son Altesse, s’assurant de la tenir en bonne inclinaison. « Tenez, buvez donc de cela… » susurra-t-il à ses oreilles, tout encore aussi soucieux. Qu’elle avait encore les forces ou non de boire d’elle-même le contenant, Link se serait assuré de l’y faire passer au moins goutte par goutte.

C’est une fois le remède Pikpik administré qu’il aurait de nouveau rangé le flacon vide, venant peu de temps après se séparer du manteau de fourrure qu’il portait, l’apossant sur les épaules de Zelda. Il observait presque épouvanté son état, oubliant même le premier rapprochement physique qu’il n’eut jamais autant établi avec Zelda. Ses yeux givres passaient tristement les traits fatigués de ce qui était avant tout aussi une Hylienne. « ...Vous portez-vous mieux ?... » s’enquit-il, non sans de nouveau épargner son inquiétude.  

Codage par Libella sur Graphiorum